J’ai le clavier qui me démange. Et
en général, cela arrive plutôt quand je suis en proie au doute ou
au spleen.
Mon couple traverse une putain de crise
et j’espère qu’il s’en relèvera. Parce que j’aime mon
homme. Parce que je tiens à notre famille. Parce que je ne veux pas
que ma fille subisse le même sort que lorsque j’étais enfant, à
savoir être trimballée d’un foyer à l’autre.
Depuis la rentrée de septembre, mon
homme se laisse profondément aller. Cela a commencé par une
bronchite qu’il n’a pas au départ jugé utile de soigner. Après
lui avoir rappelé que maintenant je ne suis plus la seule à pouvoir
être potentiellement contaminée, il a finalement pris rdv chez le
médecin. Je lui ai alors demandé de se faire prescrire une prise de
sang car depuis que je le connais, soit quatre ans et demi, il n’en
a jamais fait.
A ce jour, la prise de sang n’a
toujours pas été faite, malgré mes multiples rappels. Entre temps,
il a perdu 6 kg sans pour autant avoir perdu l’appétit, bien au
contraire. Il est constamment pâle et très fatigué, dès le
réveil. Il n’a envie de rien sauf de dormir, n’a plus d’entrain.
Ma mère, qui est venue ce week-end à
la maison, l’a trouvé aussi très amaigri et pas du tout en forme,
contrairement à d’habitude.
Il me dit que c’est à cause du
stress. Son patron est de plus en plus odieux, caractériel,
tyrannique. Une ambiance délétère règne sur son lieu de travail.
Certes… Alors oyez oyez, on se bouge, on remet le CV au goût du
jour et tout en se tenant à carreau pour ne pas se faire virer, on
regarde les annonces sur le net et on postule ! J’ai pris
l’initiative de faire tout cela, pendant le week-end, entre deux
tâches ménagères, pendant les heures de sieste de Monsieur, pour
m’entendre rétorquer : « de toute façon, si je
décroche un entretien, je ne sais même pas si je pourrai prendre
une demi-journée de congé pour y aller » (oui parce que son
gentil patron a décidé de ne plus accorder de congés à ses
salariés qui y ont pourtant droit !).
Il ne se rebelle pas, il ne se bat pas,
il se victimise et cela me fout en rogne. Pourquoi subir ce que l’on
n’est pas obligé de subir ? Alors oui, on me dit « mais
tu sais, en ce moment, les temps sont durs, c’est la crise,
blablabla ». Ok. Mais si on ne se donne pas les moyens de
sortir la merde, on n’en sort pas. « Qui ne tente rien n’a
rien », la chance, ce n’est pas que du hasard, elle se
provoque aussi.
J’ai mis ledit CV en ligne sur un
site d’offres d’emploi le dimanche, le lendemain il était
contacté par une agence d’intérim / cabinet de recrutement qui
souhaitait le rencontrer. Comme quoi son profil n’est pas dénué
d’intérêt.
Le consultant n’avait rien de précis
à proposer mais lui a indiqué qu’il proposerait sa candidature si
des opportunités se présentaient. J’ai alors suggéré à mon
homme de relancer régulièrement, histoire de ne pas se faire
oublier et de démontrer sa motivation à changer de job. Mais rien.
Je suis obligée de me palucher
moi-même les offres d’emploi le concernant et de prendre les
choses en mains, sinon rien n’avance. Tout ceci sur le peu de temps
libre dont je dispose.
J’ai l’impression qu’il s’enfonce
chaque jour un peu plus dans une spirale de déprime, voire de
dépression.
Le dialogue est bloqué. Nous avons
très envie de nous prendre un week-end en amoureux afin de vider nos
sacs bien remplis, tant qu’à faire dans un contexte agréable et
nous sortant de l’ordinaire, afin d’exprimer nos griefs, nos
frustrations, nos envies, de façon pondérée. Nous souhaitons
absolument éviter le conflit, ce qui serait le cas si je laissais
tout sortir comme ça, un soir ou un week-end banal, dans notre
quotidien. Je veux y mettre les formes pour voir le bout du tunnel de
cette crise et en sortir grandis.
Nous espérons donc pouvoir
prochainement confier notre fille à une amie afin de concrétiser ce
souhait qui devient de jour en jour une nécessité absolue.
Je suis inquiète, je suis triste, je
suis impuissante. Heureusement, je suis aussi en pleine forme, je suis
suivie par une diététicienne pour un régime par rééquilibrage
alimentaire, j’ai perdu 6 kg en deux mois, je me sens mieux dans
mon corps, mieux dans ma tête et ce renouveau me porte.
Tout ceci fait que depuis deux mois, ma
naturelle propension à vouloir tout gérer à la maison est
amplement satisfaite… mais pour le coup trop satisfaite ! Je
porte tout et tout le monde, à bout de bras, et parfois je sature.
Sur qui me reposer ? J’ai besoin d’un homme qui prenne des
initiatives, qui s’affirme, qui m’épaule au quotidien. Après
tout, je bosse aussi ! Je me lève une heure plus tôt que lui
chaque matin afin de préparer notre fille pour la nounou et de le
soulager donc complètement de ce côté-là, sachant qu’il n’est
pas du matin. Je le fais de bon cœur mais j’aimerais juste qu’une
fois, il me dise « demain matin, ma chérie, tu restes au lit,
je m’occupe de tout ».
Je me jette aussi la pierre. Je me suis
laissé prendre à mon propre piège. A force de vouloir tout prendre
en charge et jouer la parfaite ménagère de moins de cinquante ans,
me voilà à présent prisonnière de mon quotidien.
C’était facile lorsque nous étions
deux. Mais maintenant, nous sommes trois.
Notre fille, mon univers, qui fêtera
son premier anniversaire la semaine prochaine. Elle est un amour de
bébé, ne se plaint jamais, s’adapte à toutes les situations,
Elle me donne une force incommensurable, une énergie
impressionnante. Pour elle je me bats et je me battrai encore,
jusqu’au bout.
NB : j'ai écrit cet article hier, dans mon coin et miracle, ce matin mon homme est allé faire la prise de sang ! Un premier pas vers une embellie ?